
Contribution à la revue Aman Iwan #2 - L'eau fait la pirogue, article illustré. À paraître, en pré-commande ici
Chercheurs d'eau
Parmi les quelques mille points d’eau potables présents sur la voie publique à Paris, trois ne sont vraiment pas comme les autres. L’un se planque derrière les grilles d’un square sous la porte de la Chapelle ; le second, à l’orée d’un autre, en plein XVIème arrondissement ; le dernier s’expose sur une place de la Butte aux Cailles. Alors que les autres fontaines sont en mal d’amateurs, excepté en jours de forte chaleur, ces trois monumentales ont leurs habitués. Ils viennent à grand renfort de bouteilles vides et de caddies, voire de voiture, dénigrant l’eau qui coule à flot de leur robinet au profit de celle-ci, si « pure ». Pure ? Un brin traitée tout de même, pour éviter l’overdose de fer après quelques gorgées. Chacune détient son réseau de connaisseurs : des chercheurs d’eau, en loden ou en doudoune, qui viennent sous la neige comme en plein cagnard, le matin ou après le travail, remplir des stocks d’eau où, au moins, là, on sent qu’y a pas d’javel, c’est pas de l’eau traffiquée, et c’est si bon à boire, et pour la peau, et pour les plantes, encore vous avez rien vu, goûtez, essayez pour voir, c’est drôle, elle est tiède. Loin des villes thermales, rencontres des puiseurs parisiens de cette eau sourcée en direct des sables de l’Albien, à quelques 600 mètres sous terre.
